SIELL, adieu les invendus !

Interview

Les invendus n’ont qu’à bien se tenir ! En effet, depuis janvier 2021, SIELL, plateforme digitale lancée par Déborah et Yann Le Flochmoan, propose de valoriser les produits délaissés et déclassés pour une économie circulaire, avec une manière de vendre particulière : la vente sous-pli.

Déborah nous dévoile son parcours et comment elle a su rebondir afin de créer son entreprise aux côtés de son mari.

Déborah Le Flochmoan, co-fondatrice de SIELL.

Pour commencer, peux-tu nous expliquer le principe de SIELL ?

« SIELL, c’est deux plateformes distinctes (BtoC, siell.com, et BtoB, siellpro.com) qui proposent une forme de vente particulière et innovante : la vente sous-pli. Ce concept unique permet à l’acheteur de faire une offre tout en restant anonyme. Ainsi, les vendeurs pourront valoriser et donner une seconde chance à leurs produits déstockés et déclassés. SIELL s’adresse à tous les types de vendeurs, et surtout aux collectivités ! Nous proposons également aux grosses structures, de reprendre la plateforme sous marque blanche. Ainsi, n’importe quelle structure peut nous demander de reprendre la plateforme SIELL avec leur propre charte graphique, ce qui peut être un véritable atout. »

La vente sous-pli, tout le monde ne connaît pas, explique-nous le concept plus amplement.

« La vente sous-pli était un concept très utilisé en Belgique dans le monde de l’immobilier et de l’automobile, nous l’avons adapté. Le concept est simple : le vendeur met en ligne un produit. L’acheteur fait ensuite une offre anonymisée sur le site. C’est ensuite le vendeur qui choisit l’offre qui lui semble la plus cohérente. Le vendeur peut mettre un montant minimum d’achat. »

La plateforme BtoC de SIELL – siell.com

Peux-tu nous parler de ton parcours ?

« J’ai effectué des études de Tourisme, je me suis rendu compte que je m’étais trompée de voie. Je me suis donc redirigée vers une alternance en BTS Assistante de gestion en PME-PMI avec l’entreprise familiale de mes parents. Cela a duré deux ans et mes parents m’ont embauché par la suite dans l’entreprise. Je suis restée dix ans.

C’est vraiment un avantage car mes parents m’ont toujours laissé tout faire dans l’entreprise. Je rencontrais les clients, je m’occupais de la facturation, des devis, des appels d’offres. J’ai toujours été baignée dans l’entrepreneuriat. Ensuite, je me suis arrêtée quelques années pour élever mes 3 enfants. Après cela, j’ai repris le travail chez un courtier immobilier pendant deux ans où j’étais Assistante commerciale. À ce moment-là, nous avons travaillé avec Yann (mon mari) pour développer SIELL et l’entreprise a été lancée en janvier 2021. »

Comment vous est venue l’idée de travailler ensemble ?

« Cela faisait un petit moment qu’on voulait travailler ensemble, et c’est vrai qu’on a recherché quand même pendant pas mal de mois le concept. Nous nous posions de nombreuses questions notamment sur ce que nous allions lancer. C’est vraiment une étape compliquée.

Au fil du temps, en rencontrant d’autres personnes, en discutant et en effectuant des recherches, les idées ont fleuri et cela nous a donné de nombreuses idées. Nous sommes aussi entrés en incubation au sein de l’incubateur Rimbaud’Tech. Cela nous a vraiment aidés dans la recherche du concept. Nous avons donc remodifié au fur et à mesure beaucoup de choses avant d’arriver justement à SIELL. »

Mère au foyer, création de start-up, comment tu arrives à concilier les 2 ?

« C’est une excellente question ! C’est vrai que ce n’est pas toujours évident. Heureusement, j’ai quand même les mamies qui sont disponibles de temps en temps, mais c’est vrai que j’essaie toujours de gérer toute seule la plupart du temps.

En réalité, c’est beaucoup d’organisation, tout simplement. Nous avons aussi expliqué à nos enfants que nous étions à notre compte. Nous avons mis des règles. Chacun sait ce qu’il doit faire et à quelle heure il doit être rentré à la maison. Mes enfants sont assez grands, ma fille a 15 ans, elle se gère très bien. Mon 2ème a 12 ans, et mon petit dernier, qui a 8 ans. Les deux grands peuvent s’occuper de leur petit frère et c’est vraiment sympathique.

J’essaie de gérer ainsi. C’est une gestion d’équipe. Mon mari m’aide également beaucoup quand il peut. Je me suis aussi adaptée à SIELL. Je travaille surtout pendant les horaires d’école et également le soir à la maison, parfois le week-end. »

 Qu’est-ce qui t’a inspiré ou motivé à créer ton entreprise avec Yann ?

« J’ai travaillé 10 ans dans l’entreprise familiale avec mon père et ma mère. J’avais donc déjà baigné dans l’entrepreneuriat… Mais ce qui m’a le plus motivé est le fait que je n’aime pas recevoir d’ordres (rires) ! Du coup, je me suis dit, pourquoi pas se lancer ? Yann avait tout de même beaucoup d’expériences aussi en tant que directeur où il a passé 17 ans chez un concessionnaire automobile. Je pense que nos expériences nous ont aidées !

Le fait d’être rentrés chez Rimbaud’Tech aussi, nous a énormément aidés. Nous sommes suivis au quotidien, nous avons un bureau. Nous ne sommes pas seuls. C’est quand même formidable d’être aiguillés au fur et à mesure de l’avancement grâce à un chargé d’affaires et des objectifs. Nous sommes encadrés, tout en étant son propre chef et je trouve que c’est vraiment bien. C’est une expérience très importante pour moi. »

A ton avis, quelle qualité faut-il pour gérer une startup ?

« Je pense qu’il faut un minimum de confiance en soi. Il faut vraiment mettre tous les moyens de son côté et se dire : “ok je vais y arriver” ! Il ne faut pas être défaitiste, et voir le verre à moitié plein, plutôt qu’à moitié vide. Lancer son entreprise, c’est un manège à sensation parce qu’il y a des hauts et des bas dans les émotions. Des moments de joie par exemple, quand tu vois que ça marche, que tu as des vendeurs qui s’abonnent, puis quelquefois, ça retombe parce que tu te poses 10.000 questions, tu te dis “mais est-ce que ça va vraiment marcher” ? C’est en fait, un véritable défi, c’est le Grand 8 !

Malgré cela, il faut vraiment croire en ses rêves, les autres ne le feront pas à notre place. »

Entre le moment où tu as lancé SIELL et aujourd’hui, quelles évolutions as-tu vu chez toi ?

« Depuis le lancement de SIELL, je me sens beaucoup plus à l’aise pour parler aux gens. J’avais tendance à me cacher un petit peu dans l’ombre par rapport à mon mari parce qu’il avait déjà l’habitude de parler énormément aux gens. Il avait pas mal d’expériences de prise de parole en public. Quand tu t’adresses à une pièce entière dans laquelle se trouvent 20 ou 30 personnes, ou même 200, comme il y a eu à la cérémonie de l’innovation, c’est quand même assez déstabilisant. Aujourd’hui, c’est un plaisir de prendre la parole devant un public. »

Quels sont les principaux défis auxquels tu as été confrontée dans le développement ?

« Au niveau du développement, cela a pris beaucoup de temps car la création d’un site internet est longue et il faut avoir les idées. Nous avions une vision de notre projet assez précis, et nous voulions qu’il nous ressemble. Il a fallu du temps et des modifications pour que la plateforme soit opérationnelle, mais aujourd’hui, nous sommes très fiers du résultat final.

Le deuxième défi l’aspect financier. Avant d’être incubés à Rimbaud’Tech, nous avons réglé beaucoup de choses en fonds propres. Nous étions seuls, nous n’avions pas connaissance de toutes les aides qui pouvaient être accordées à une startup qui se lance en Région Grand Est. Nous avons manqué malheureusement certaines aides qui auraient pu grandement nous aider. »

La plateforme BtoB de SIELL – siellpro.com

A contrario, peux-tu me parler de tes succès ?

« Le plus gros succès que j’ai avec la start-up, c’est d’avoir réussi à rassembler une quarantaine d’acheteurs sur nos 2 plateformes.

Le deuxième succès est que nous allons être prochainement référencés dans le catalogue Grand Testeur. De ce fait, nous serons proposés comme solution de l’économie circulaire pour les collectivités. Être soutenus par la Région, grâce à ce programme, c’est tout de même un très gros plus dans le développement de notre solution.

Le troisième succès a été d’être élue Femme entrepreneuse, cette année, chez Orange. »

Quels sont tes objectifs futurs ?

« Qu’on se développe partout en France et également en Belgique. Pour le moment nous sommes vraiment sur la Champagne-Ardenne, j’aimerais à présent m’orienter sur le national. Nous sommes en train de structurer SIELL afin d’atteindre ce gros objectif ».

La loi AGEC est arrivée en 2022, qu’est-ce que cela va changer pour les vendeurs ?

« C’est une loi anti gaspillage qui est entrée en vigueur en 2022. Elle interdit de détruire les invendus. Cela ne concerne pas toutes les entreprises pour le moment. Mais, si elles ne se mettent pas à jour, elles seront sanctionnées sévèrement et devront payer des frais énormes. SIELL répond justement à cette problématique. Les entreprises pourront se servir de nos plateformes pour écouler leurs produits délaissés, ou déclassés, les invendus. Bien évidemment, il y a certains produits qu’on ne peut pas prendre, comme les produits dangereux ou toxiques, les cigarettes, ou encore les animaux, par exemple. »

J’aimerais revenir sur ton accompagnement au sein de Rimbaud’Tech et plus globalement du réseau Quest for Change. Comment cela t’a aidé dans le développement de SIELL ?

« Cela nous apporte vraiment beaucoup, notamment la structuration de notre entreprise. On évite ainsi de partir dans tous les sens. L’avantage, c’est qu’on a un chargé d’affaires dédié qui suit SIELL au quotidien, et ce depuis les débuts. Au fil du temps, nous voyons où en est SIELL, et nous réorientons la stratégie. Si j’ai des questions, je les pose directement à l’équipe.

L’incubateur Rimbaud’Tech, c’est vraiment comme une famille. On se connaît quand même depuis pas mal de temps maintenant, nous avons tissé des liens forts. J’ai pris un bureau justement chez Rimbaud’Tech pour venir travailler plus régulièrement, même si j’habite à deux pas de l’incubateur. Je trouvais cela très intéressant, d’autant plus que j’allais accueillir des stagiaires, et alternants. Enfin, cet espace nous permet d’être dans notre bulle, et de travailler efficacement.

L’incubateur organise aussi régulièrement des cérémonies, des ateliers, des petits-déjeuners, qui m’aident beaucoup et répondent à certaines questions que je me pose ».

Un conseil à donner à une personne qui n’ose pas entreprendre ?

« Fonce, crois en tes rêves, teste. Il faut se donner entièrement, vaincre ses peurs. Beaucoup de personnes se mettent des barrières, alors que certains se sont lancés et ont réussi sans n’avoir jamais eu d’expérience entrepreneuriale avant.

Un autre conseil pour ceux qui sont déjà dans le processus entrepreneurial : remets-toi sans cesse en question, ne garde pas des œillères, et reste ouvert aux améliorations et solutions proposées afin de rebondir. »

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