Portraits •
Répondre à la demande d’entreprise d’e-commerce en matière de packaging personnalisé, c’est le pari qu’a fait Julien Bocquenet en mettant l’accent sur trois principes : éco-responsabilité, sur-mesure et production en petite et moyenne série.
Julien Bocquenet a créé la startup Coqli.co, installée à Vincey (Vosges). L’industriel de 39 ans a de la suite dans les idées : proposer des boîtes en carton sur-mesure et personnalisables en petite quantité, à commander soi-même en ligne sans perdre de temps. Il affiche avec équilibre une volonté de fer et une capacité à se remettre en question pour progresser. Il sait où il va et pourquoi. Et pour le « comment », il s’adapte. Derrière une posture parfois distante se cache un homme de terrain, avide de connaissances, d’indépendance et de créativité.
Dans le hangar de son usine à Vincey, Julien Bocquenet sort de son bureau, fier et droit, jetant un coup d’œil rapide aux machines tout juste installées dans ses locaux. Elles lui donnent parfois du fil à retordre mais, après dix-sept ans dans l’industrie du carton, il en a vu d’autres. Il a le sens du détail et corrige quotidiennement les imperfections qui mettent un grain de sable dans les précieux rouages. Depuis tout petit, les problèmes se dessinent dans sa tête tels des Lego. « Ce qui me plaît, c’est la conception. J’ai toujours dessiné des villes, des bâtiments, des mécanismes », raconte le passionné d’électronique et de mathématiques.
A 23 ans, il est embauché à Colmar pour concevoir des emballages carton. Il est au départ technicien mais va rapidement être propulsé sur les routes pour aller les vendre. Ce lien avec les clients va l’aider à franchir un autre pas : se mettre à son compte. Il lance une première SARL avec un associé, autour du mobilier et de supports de communication grands formats en carton. « A cette époque, les panneaux étaient généralement en plastique ou en métal, ce qui coûte beaucoup plus cher. De nouvelles machines permettaient, déjà en 2007, de produire des supports qualitatifs et bien moins chers en carton », observe-t-il. Parmi les nombreux écueils d’une entreprise, celui de trouver le bon associé ne pardonne pas. « Il est parti au bout de 8 mois, je crois qu’il n’avait pas mesuré les sacrifices que demande l’entrepreneuriat », regrette Julien, resté seul et en freelance jusqu’en 2012.
Même s’il est très engagé, lui-même s’avère prudent, avec un sens des réalités. Il est par exemple très attaché à sa stabilité familiale et ne veut pas emmener sa femme et ses deux enfants dans le mur. « Nous prenons nos décisions à deux. J’ai changé plusieurs fois de poste, de projet, de carrière. En couple, on a un partenaire, sinon ça ne peut pas fonctionner. Ma femme préfère que j’entreprenne, je ramenais beaucoup plus de stress à la maison en étant salarié », souligne-t-il.
Avec la crise de 2008, Julien Bocquenet a connu aussi les difficultés de la conjoncture économique. Les budgets culture et événementiel en ont pris un coup et, par conséquent, le mobilier temporaire qu’il fabriquait aussi. « J’avais compris l’impact que le numérique allait avoir sur la filière du carton mais peut-être que c’était trop tôt. Ce qui n’est pas bon non plus », reconnaît-il, obligé de repartir dans le salariat. « Même si on se plante ce n’est pas grave, personne ne va vous abattre. Il faut mettre son ego de côté, accepter de cherche du boulot et parfois de faire le chemin inverse. Certains s’accrochent dans leur échec, c’est bien plus terrible », observe-t-il.
A l’époque, Julien Bocquenet alterne entre poste salarié et freelance. « J’ai été chargé de communication et marketing pendant trois ans. Au début c’était nouveau, rafraichissant. Mais une routine s’est installée et quand j’ai proposé de nouveaux modèles d’action mon patron a refusé. J’ai négocié mon départ pour monter une autre entreprise. »
En 2018, le spécialiste du carton tente une première approche du marché en testant une plateforme proposant de l’emballage sur-mesure. Très vite il apparaît que la personnalisation est une forte demande de la clientèle. Plus important : les fabricants existants ne parviennent pas à produire exactement selon les besoins du marché. « J’ai retravaillé l’idée, j’ai attendu les retours de mes clients. J’ai compris que j’allais devoir monter ma propre usine et combiner des machines jusque-là utilisée séparément », projette-t-il.
Il rencontre un investisseur qui le soutient et lui recommande d’être accompagné par le Quai Alpha, incubateur de startups. Un conseil que Julien va suivre : « Grâce à l’accompagnement, j’ai déjoué certains pièges et j’ai rencontré mon associé, en charge de la partie développement web. » Les clients peuvent en effet commander en ligne leur propre emballage personnalisé, sur le même modèle que Vista Print pour les cartes de visite. La différence c’est qu’il y a de la modélisation 3D, plus technique.
Allergique à la philosophie du « on a toujours fait comme ça », Julien Bocquenet se réjouit du défi qu’il s’est lancé. Les premières boîtes sur-mesure et personnalisables ont vu le jour cet été, à la plus grande satisfaction des entreprises qui étaient obligées de commander des emballages en grande série et peu adaptés à leurs produits. Désormais, leurs ventes peuvent s’emballer.
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